Cerbère

Adopter un chien, c’est souvent pour avoir une compagnie ou une excuse pour aller prendre l’air tous les jours. Mais Hadès, lui, visait un poil plus ambitieux : garder les morts… morts. Pas qu’ils aient envie de revenir faire un tour chez les vivants, mais on ne sait jamais. C’est donc tout naturellement qu’il a adopté Cerbère, un molosse à trois têtes, queue de serpent et regard pas franchement avenant. Un vrai petit rayon de soleil.

Cerbère, né d’Échidna (la mère des monstres) et de Typhon (le père des catastrophes naturelles), n’a pas vraiment eu une enfance paisible. Pas de jouets en corde ou de friandises au foie séché, non. Lui, on l’a élevé à coups de terreur mythologique et de crocs affûtés. Missionné pour garder les portes des Enfers, il avait un job simple : entrée autorisée, sortie interdite. Une sorte de videur d’outre-tombe, version XXL.

Mais comme dans toute bonne tragédie grecque, il y a toujours un demi-dieu pour venir semer la pagaille. Hercule, par exemple, a décidé que, pour briller un peu plus au panthéon de la virilité antique, il allait capturer Cerbère. À mains nues. Oui, pourquoi pas. Et étonnamment, il y est arrivé. Apparemment, trois têtes, ça n’empêche pas d’être un peu distrait.

Quant aux poètes anciens, ils ont adoré Cerbère. Virgile, Ovide, Apollodore… Tous s’accordaient à dire qu’il n’était pas très accueillant, sauf quand Orphée est passé avec sa lyre. Il faut croire que même les monstres ont un faible pour les musiciens.

Et puis, des siècles plus tard, une certaine autrice britannique décide d’écrire une histoire de sorciers. Dans le premier tome, elle nous parle d’un certain Touffu, un chien géant à trois têtes qui garde une trappe menant à une pierre magique. Ça vous rappelle quelqu’un ? Voilà voilà, doit y avoir du Cerbère dans le pédigrée.

Comme quoi, la mythologie a encore de beaux restes. Même chez les moldus.