Chiens de chasse

Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler des chiens de chasse. Pas forcément ceux qui partent en battue tous les week-ends, mais de ces chiens qu’on retrouve de plus en plus souvent en adoption : beagles, épagneuls, setters, pointers, labradors, braques… des races magnifiques, pleines d’énergie, d’enthousiasme et de sensibilité.

Le chien de chasse est un athlète du flair et de l’endurance. Sélectionné depuis des générations pour parcourir des kilomètres, suivre une piste, lever, rapporter ou garder le gibier, il est né pour bouger, renifler et comprendre le monde par son nez. Son intelligence sensorielle est incroyable, mais elle devient vite source de malentendus dans un quotidien “classique” d’animal de compagnie.

Parce qu’un chien de chasse, ce n’est pas un chien “de salon”. Même le plus câlin des épagneuls a besoin de stimulations mentales, physiques et olfactives quotidiennes. Les promenades en laisse autour du pâté de maisons, c’est bien, mais ça ne suffira jamais à satisfaire son instinct de recherche. Il lui faut des congénères à saluer, un périmètre bien plus large que ta laisse, du mouvement, des environnements variés, des odeurs à analyser, bref : un terrain d’aventures.

Ce sont souvent des chiens hypersensibles, très connectés à leur environnement et un peu moins à l’humain que d’autres races : ils travaillent en autonomie, en suivant leurs sens, parfois loin de leur humain. Cela ne veut pas dire qu’ils n’écoutent rien, mais simplement qu’ils ont été sélectionnés pour réfléchir seuls, pour pouvoir… chasser. Vouloir qu’un beagle ait le rappel d’un border collie, c’est comme demander à un marathonien de faire du patinage artistique… ça ne colle à sa nature.

Et justement : ignorer cette nature, c’est souvent ce qui conduit aux problèmes de comportement. Fugues, poursuites, aboiements, destructions, surexcitation, ou encore désintérêt pour l’humain : autant de signaux d’un chien frustré, qui n’a pas la possibilité d’exprimer ses instincts, parfois marqués. Les chiens de chasse ont été conçus pour dépenser une énergie folle au service d’une tâche précise ; sans cette dépense physique et mentale, ils peuvent carrément partir à la dérive.

Ajoutons à cela qu’ils sont souvent adoptés pour de mauvaises raisons : un look craquant, une image de chien “facile” ou “familial”, ou parce qu’ils viennent d’un refuge après la saison de chasse. Sauf qu’un chien “retraité” ne cesse pas d’être un chien de chasse : sa génétique, son nez et son besoin d’action restent intacts.

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe mille façons de combler ses besoins sans fusil ni gibier :

  • les sports de flair
  • les jeux de chasse / de poursuite de leurre
  • les balades en longe dans des lieux riches en odeurs
  • faire nager son chien s’il aime ça
  • le cani-cross, la rando
  • du temps partagé avec vous, dans la bienveillance et la cohérence.

Un chien de chasse épanoui, c’est un compagnon doux, joyeux, curieux et attachant. Mais pour ça, il faut respecter ce qu’il est profondément : un explorateur, pas un bibelot.

Alors avant d’adopter un chien de chasse, posons-nous les bonnes questions :
– Ai-je le temps et l’envie de le promener longuement chaque jour ?
– Suis-je prêt à lui offrir des activités qui répondent à son flair et à son besoin d’autonomie ?
– Est-ce que je choisis ce chien pour lui, ou pour moi ?

Un conseil important également : choisissez un élevage avec des lignées de beauté / de compagnie ; un élevage de chasseurs va sélectionner des instincts très forts et ce n’est pas ce qu’il vous faut si vous ne pratiquez pas cette activité.

Parce que respecter un chien, c’est avant tout respecter ce pourquoi il a été créé.

Tiphaine – Éducatrice canin à Dijon
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